Dans mon métier il est question d’excellence dans la relation de service; mais qu’est-ce que l'excellence?
Une notion subjective ou une réalité, dont chacun, en fonction de son vécu, de ses attentes, de son expérience, établira les contours et les objectifs pour l’atteindre ou essayer de s’en approcher.
Dans ma quête de goût j’ai un rêve, celui de côtoyer l’excellence gastronomique.. un rêve devenu réalité car j’ai mangé, le mot est trivial, non! j’ai vécu une expérience de goût.
J’ai longuement hésité avant de parler de ce moment car il se vit plus qu’il ne se raconte mais je tente de mettre des mots, nous verrons bien à la fin!
L'Aubrac
L’Aubrac est minéral, végétal, sauvage, sans artifices; il est brut parfois brutal, c’est un plateau, une steppe. L’Aubrac est sélectif, il n’est pas donné à tout le monde d’y vivre, il faut être doué d’une force de caractère. Pas de demi-mesure ici ni de faux semblants!
Le décor est planté.
Le Suquet
Quand j’étais enfant nous passions souvent, pour aller skier, devant l’entrée du restaurant.
« C’est le restaurant de Michel Bras » me disaient mes parents…. A l’époque cela me laissait de marbre. Puis vint le temps de la maturité, de la curiosité et de la quête de sens: une terre forte, d’autres diront un terroir, un lieu épuré, un chef avec des valeurs qui font écho aux miennes.
Le lieu est choisi.
Sébastien Bras
J’aime savoir qui me nourrit, qui prépare pour moi, il y a beaucoup d’affect dans une assiette…
Ce que je lis de Sébastien Bras me parle de respect pour le produit mais aussi pour ses équipes (je déteste les attitudes hautaines que peuvent avoir certains chefs)…filiation, origine, travail quasi scientifique de connaissance du végétal…
L’ homme est à la hauteur de sa terre.
Mon expérience
Le lieu épuré, lumineux, les grandes baies vitrées, l’eau qui chemine dans la salle, contribuent à donner une impression de dedans-dehors apaisant, l’essentiel du décor est à chercher à l’extérieur.
Je choisis le menu « légumes » mais je n’en donnerai pas de grands détails pour ne retenir que mon ressenti.
Dés l’apéritif le lien se crée, un mot accompagne l’oeuf coque mouillettes servi avec un doux vin de sureau.. il me parle de bonheur, de complicité d’un grand-père paysan, j’y suis extrêmement sensible.
Les larmes montent, je mesure ma chance d’être là et chausse en toute hâte mes lunettes de peur du ridicule.
A notre table un pain avec notre nom nous est servi. L’attention est là, en toute discrétion: nous ne sommes pas anonymes.
Un nouveau langage
Pour la suite…. j’ai la sensation d’apprendre un nouveau langage: je prends le soin de humer les plats, de les regarder, de les apprécier. Je détaille l’assiette, le mariage des couleurs et je déguste…le fameux gargouillou de jeunes légumes, la celtuce avec une râpée de truffe d’été et comme je n’en avais jamais mangé auparavant un aligot revisité qui, comme un clin d’oeil, me parle de l’Aubrac, me parle du chef.
Oeuvre d'art
Les plats sont comme des tableaux, des oeuvres d’art: de la couleur à la disposition, il n’y a pas de hasard.
Je n’ai pas rencontré le chef personnellement mais au travers de ses plats il m’a parlé de lui… sensibilité, travail, sens du détail, amour de sa terre… alors, oui, Monsieur Bras, j’ai pris plaisir à m’asseoir à votre table.
Il y a un début, pas encore une fin, une porte vient de s’ouvrir vers la connaissance de l’excellence, la vie a cela de merveilleux qu’elle apprend l’humilité, tant de choses à découvrir, à apprendre..
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